Face au confinement imposé par le coronavirus, nous sommes obligés de nous adapter pour (sur)vivre en famille. On partage donc l’espace, le temps et l’attention avec les autres.
Ça y est, nous sommes confinés, même si le mot n’a pas été employé officiellement les faits sont là : nous sommes cloîtrés à la maison. Les parents qui n’ont pas d’obligation à se rendre au travail se retrouvent avec les enfants dont les écoles sont fermées. Bref, nous sommes tous les uns contre les autres enfermés entre les murs de notre domicile.
Pour certains c’est comme se retrouver dans une capsule spatiale : le temps s’écoule dans un espace immobile dont les limites physiques sont parfois au bout du bras. Nous sommes entourés d’autres personnes sans possibilité de sortir, autrement que vêtu d’une tenue de protection ou pour des obligations de travail, de santé…
En plus, chacun se trouve avec des impératifs plus ou moins plaisants à mettre en œuvre. Alors que les parents ont leurs obligations, les enfants ont leurs devoirs. Au milieu de tout cela vient s’ajouter la vie de famille. Il est donc indispensable de s’adapter : les élèves doivent aller chercher leurs cours et les parents sont amenés à « devenir prof » le temps du confinement.
Cette situation risque de devenir tendue, voire conflictuelle car ce confinement oblige à partager avec les autres un même espace, un temps en commun et accorder de l’attention aux uns et aux autres.
Partager l’espace. Chacun a une place, chacun à sa place. Dans les familles, cela se retrouve souvent autour de la table où les enfants occupent une place donnée : c’est la leur, c’est leur territoire et il ne faut pas leur prendre. Inversement tout le monde peut se retrouver à la même place quand toute la famille est affalée dans le canapé à regarder la télévision. Ça marche aussi avec les jeux vidéo !
Face aux obligations et devoirs, la pièce devient un espace de coworking. La grande table familiale devient un bureau de travail, support de réalisation des activités et obligations des uns et des autres. C’est un espace de partage où chacun apporte aux autres un savoir, un savoir-faire. Ce peut être par exemple autour de la définition d’un mot de vocabulaire ou d’une recherche à effectuer en ligne. On peut aussi partager l’ordinateur…
Partager le temps. Etant confinés, le temps se structure autour de trois moments différents :
- un temps à consacrer au travail qui doit être fait, plaisant ou pas. Repousser ce moment ne change rien à ce qui est à faire.
- un temps consacré à la famille, ce cercle restreint où chacun existe pour ce qu’il est. C’est un refuge où l’on vient quand on ne va pas bien. Mais que l’on quitte aussi pour mieux exister.
- un temps pour soi dans lequel on fait ce qui nous plait. C’est une échappatoire, une bouffée d’oxygène.
Ces trois approches complémentaires de l’utilisation du temps peuvent être réparties sur la journée en accord avec tout le monde. Ça permet d’avoir des repères clairs et de ne pas se disputer quand l’un veut regarder la télévision alors qu’un autre tente de se concentrer sur une tâche ardue. Mais ça demande d’organiser sa journée.
Ces trois temps sont distincts les uns des autres. Certains disent arriver à faire plusieurs choses à la fois ! Mais c’est une illusion car le cerveau comme les individus ne l’acceptent pas ! Que l’on parle à quelqu’un tout en surfant sur Internet ou en lisant ses messages sur son portable fait éclater l’attention comme la colère. Recoller les morceaux dans le bon sens prend du temps car l’attention est unique.
Partager l’attention. Ce peut être un moment vécu en famille, tous ensemble. Les activités ne manquent pas : devant la télé à regarder une série en partageant émotions, commentaires, chips et sodas (même si c’est pas bon pour la forme, c’est un moment plaisant). Ce peut être aussi l’occasion de ressortir ce jeu de société dont on a souvent repoussé le moment de s’y mettre… bref il y a de quoi faire.
Les déplacements étant contraints ou interdits, l’attention se porte vers les moyens de communications actuels, véritables portes vers d’autres groupes et individus. Les grands-parents que l’on ne peut voir se trouvent finalement à portée d’un “coup de fil”…
Alors que la situation actuelle nous demande de garder une distance les uns avec autres le confinement est l’occasion de rapprocher les individus au sein des familles. Un mal pour un bien ?
Bon courage à tous !