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Poser une problématique en 3 étapes

Poser une problématique est une étape essentielle dans cette épreuve au concours.

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Poser une problématique est la hantise pour tous les candidats dès qu’il s’agit de travailler sur une dissertation au concours. Or la problématique est issue du sujet (et de son analyse) et non pas découverte dans le sujet comme on trouverait une date dans une chronologie. Il faut donc la définir puis la formuler. Dès lors, comment faire pour poser une bonne problématique ?

Les exemples donnés s’appuient sur le sujet : La Seconde guerre mondiale : une guerre d’anéantissement.

Ecrire est essentiel pour exprimer clairement des idées et une démonstration

1.    Qu’est-ce qu’une problématique ?

Ce que la problématique n’est pas.

La problématique n’est pas le plan présenté sous la forme d’une question. La problématique n’est pas non plus le sujet reformulé sous l’aspect d’une question. En dehors de quelques cas très particulier, cette manière de faire n’a aucun sens et ne fait que montrer ce que vous ne savez pas faire !

  • La seconde guerre mondiale est-elle une guerre d’anéantissement ?
    • Approche maladroite car le sujet qui donné part du principe que c’en est une.
    • La production se contente donc de mettre en avant les éléments qui permettent de le dire.
    • Dans la conclusion, la réponse sera oui ou non.

La problématique est un fil rouge.

C’est le fil conducteur du raisonnement qui trace un chemin dans les connaissances définies par le sujet donné. C’est un peu comme la route que l’on va suivre en voiture pour aller d’un point A à un point B. Il y a une multitude de chemins possibles, chacun ayant ses particularités et ses étapes.

La problématique a une place et un rôle précis.

Dans l’introduction, la problématique se situe entre l’amorce et l’annonce du plan. Ainsi, l’amorce permet de bien définir les termes du sujet et les notions qu’il contient. L’annonce du plan met en avant le raisonnement suivi pour répondre à la problématique. La problématique est donc à l’articulation des connaissances que l’on vient de poser et du raisonnement que l’on va suivre. Mais elle est aussi la question que l’on pose. Elle comporte donc deux aspects de fond et de forme qui se combinent tous deux. La difficulté de la problématique est là !

2.    Définir une problématique.

Lire le sujet.

C’est prendre le temps de lire mot à mot tout le sujet. Mais c’est aussi prendre conscience de tous les termes et signes de ponctuation. Aucun élément ne doit être négligé. En effet le risque est grand de ne prendre conscience que d’une partie du sujet en ne s’appuyant que sur un des mots, et de passer à côté des liens qui unissent l’ensemble des mots.

La Seconde guerre mondiale : une guerre d’anéantissement.

Analyser le sujet.

C’est donc entrer dans toutes les dimensions du sujet, on le déploie en cherchant tout ce qu’il peut contenir. Mais c’est mettre des définitions derrières les mots. Enfin, c’est aussi aller plus loin dans les notions que le sujet met en avant. Il comporte plusieurs dimensions : la phrase, la ponctuation, les mots, les idées. Les mots renvoient donc aux définitions, les ensembles de mots aux notions et aux idées. La ponctuation permet de relier ces idées en les isolant, les questionnant, les affirmant et donc fixe des liens entre les mots du sujet.

  • La = elle est à prendre de manière unique ; elle est à considérer dans sa singularité.
  • Seconde guerre mondiale = fait suite à la première qui sert de référence. N’a pas de bornes chronologiques. Or dans les faits, cette guerre commence en 1937 (voire 1931) en Asie.
  • : = voilà ce que l’on vous demande
  • Une = unique ? particularité.
  • Guerre : série de batailles, plusieurs théâtres d’opérations. Europe, Asie, mers, airs, terre. Concerne donc les soldats, les civils ; porte aussi sur les choix politiques et idéologiques qui poussent à ces actions.
  • Anéantissement = va au-delà de la simple destruction. Il s’agit de l’annihilation de l’adversaire. Mais qui est-il ? soldats, civils, étrangers… massacres de civils, de prisonniers, de soldats… avec les « moyens du bord ». Développement, construction des outils pour arriver à ses fins. Le but n’est pas de gagner, mais de faire disparaître l’autre.

Repérer les éléments clés du sujet.

Bien comprendre où le sujet veut nous emmener en ce qui concerne les idées et les enjeux. On ne reprend donc pas le sujet dans son approche superficielle telle que les mots peuvent éventuellement la donner, mais les idées et les relations entre elles qu’il contient. Les mots sont des « boites » contenant des informations et dont la mise en relation éclaire le sujet. La problématique se situe là : dans les relations entre les idées. Ces relations sont multiples, ce qui montre que pour un même sujet il peut y avoir plusieurs problématiques possibles.

3.    Formuler la problématique.

La problématique est une question.

En effet c’est plus facile de poser une question car le raisonnement va contenir les éléments de base permettant de formuler la réponse (et non pas la réponse en elle-même, mais ça c’est une autre histoire !). Cependant, il est possible de formuler la problématique sans poser une question. De ce fait, la problématique devient une affirmation que le devoir doit confirmer. Le raisonnement (plan) suivi donne donc les points d’appui de l’affirmation. Mais le problème se pose dans la conclusion. En effet, cette approche est plus délicate et pose le problème de savoir ce que l’on va dire en conclusion !

La problématique appelle une réponse.

La problématique étant une question, il est nécessaire de garder à l’esprit qu’il faudra y répondre dans la conclusion. Donc il faut formuler la question de telle manière qu’elle puisse avoir une réponse claire et simple. Ce peut être une question demandant de répondre par oui ou par non ; ou alors une question demandant de faire un choix entre deux éléments.

  • La 2nde GM est-elle la seule guerre d’anéantissement ?
    • Implique d’avoir défini la notion d’anéantissement et d’expliquer que d’autres conflits antérieurs ont agi dans le même sens.
    • La réponse ne doit pas être dans le plan mais dans la conclusion… elle sera oui ou non, mais devra être complétée par d’autres informations, soit dans la conclusion (ce qui est délicat car la place ne le permet pas), soit dans le développement (qui doit être prévu en conséquence).
    • Les connaissances mises en avant vont aller au-delà de la guerre et devront montrer en quoi cette 2nde GM est particulière (il est possible de garder cet élément de réponse pour la conclusion).
    • Atout : on prend de la distance, ce qui fait du bien car on a une approche globale ; risque : se perdre dans des comparaisons qui n’ont pas lieu d’être.

Eviter des problématiques toutes faites.

Elles vous entraînent dans des pièges car sont comme des sirènes qui donnent l’impression de poser une bonne question. Dans les faits ces formulations ne sont pas fausses, mais elles sont souvent (très) mal employées. Car ce n’est pas leur expression qui pose problème, mais le fait qu’en posant la question comme cela on pose une bonne problématique. Donc on évite l’emploi de « en quoi », « dans quelle mesure », « peut-on dire que ». En effet, ces mots clés vous obligent à poser un problème dans l’accroche de l’introduction et donc de valider ou non ce qui est mis en avant.

  • Cette approche de l’anéantissement est-elle propre à la Seconde guerre ou n’est-elle que la poursuite et l’aboutissement de ce qui a été entamé en 1914 ?
    • Impose d’avoir expliqué dans l’accroche que cette guerre est un conflit d’anéantissement.
    • Implique de montrer que cette situation est associée à des progrès technologiques, liés à des visions idéologiques extrémistes ; l’un permettant aux belligérants de légitimer l’autre.
    • Demande d’avoir replacé cette guerre dans une profondeur historique dépassant les dates habituelles du conflit. L’idée derrière cette problématique est la suivante : la première guerre mondiale = destructions liées aux armes nouvelles et à la mort donnée en masse ; entre-deux guerres = idéologie légitimant l’annihilation des autres ; Seconde guerre : mort de masse + idéologie = anéantissement.
    • La réponse demande de choisir entre les deux questions posées ou de proposer une autre approche.

Conclusion

La problématique n’est donc pas écrite dans le sujet, ni cachée dans le sujet. Elle est le résultat d’une analyse du sujet et de la mise en avant d’un enjeu (lié au sujet) associé à une démonstration (le raisonnement). Poser une bonne problématique impose donc de travailler le fond (les connaissances) et la forme (le questionnement) d’un sujet. Poser une bonne problématique demande donc de s’entraîner encore et encore en lisant des problématiques et en réfléchissant à des problématiques.

C’est pourquoi le cours sur la composition aborde la méthodologie de la problématique.

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