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Sujet : La construction des mémoires de la Seconde guerre mondiale.

Consigne : Après avoir replacé les documents dans leur contexte, expliquez ce qu’ils nous apprennent sur la construction des mémoires de la Seconde Guerre mondiale depuis 1945 en France.

Document  1 :  inauguration  du  Mémorial  de  la  France  combattante  au  mont Valérien (Suresnes) par le président Charles de Gaulle, le 18 juin 1960. 

Source :  photographie  extraite  de  l’article  « La  Résistance  oubliée ? »  de  Henry Rousso publié dans TDC n°1103 (avril 2016).

Document  2 :  extrait  de  l’entretien  accordé  par  Robert  Paxton 1   à  la  revue Télérama le 14 octobre 2015, à l’occasion de la réédition de son ouvrage Vichy et les Juifs.

Qu’est-ce qui vous a conduit à republier, en l’enrichissant, ce livre initialement paru en France en 1981 ?

Le  livre  était  épuisé.  En  constatant  qu’il  y  avait  eu,  depuis,  de  nombreuses publications sur cette période, et des travaux de haute valeur scientifique, j’ai pensé qu’il serait opportun de le compléter. La période de l’Occupation et le sort des Juifs, est  le  sujet  préféré de  nombreux  jeunes  historiens.  J’ai donc  voulu  remettre à  jour mon livre et y incorporer tous ces apports.

Sur quels aspects de cette période estimez-vous que la recherche a progressé ?

Je  crois  que  c’est  dans  la  précision  sur  l’application  des  mesures  antisémites  en France.  Nous  avions  émis  l’hypothèse  que  les  mesures  avaient  été  bien  sûr appliquées mais, en rédigeant le livre, nous manquions d’informations. Maintenant, nous  savons  qu’elles  ont  été  appliquées  sans  hésitation.  Pas  seulement  par  les antisémites farouches du Commissariat général aux questions juives, mais aussi par les hauts fonctionnaires qui venaient de la République, estimant que la loi était la loi, qu’il fallait rétablir l’autorité de l’État, fonder un nouveau régime et faire une nouvelle France. […] L’idée que la France pouvait se renouveler était extrêmement puissante et  répandue.  Donc,  presque  à  100  %,  les  fonctionnaires  qui  ont  servi  le  nouveau régime ont tenu à appliquer la loi, pour rétablir l’autorité de l’État et mettre en œuvre la politique antisémite de Vichy. […]

La  thèse  selon  laquelle  Pétain  et  de  Gaulle  s’accordaient  sur  un  pacte  secret,  le premier étant le bouclier, le second le glaive, n’est plus tenable ?

En effet, je me suis élevé dès la première édition contre cette thèse du « bouclier ». Et je suis stupéfait qu’aujourd’hui encore, certains tentent de la remettre au goût du jour  […]  et  que  l’on  veuille  encore  défendre  le  vieux  maréchal  au  prétexte  qu’il n’aurait pas pu, malgré ses efforts, protéger les Français autant qu’il l’aurait voulu et résister aux demandes allemandes.

Source : site internet de Télérama, consulté le 21 septembre 2018