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Batailles en mer de Chine

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La Chine dispose d’un littoral de plus de 15.000 kilomètres de long et veut y affirmer sa souveraineté. Or d’autres pays proches revendiquent la même chose. Les tensions dans les espaces maritimes chinois sont donc parfois très fortes, notamment en deux endroits : en mer de Chine méridionale et en mer de Chine orientale. L’émission le dessous des cartes du 28 septembre 2019 Mer de Chine, la bataille navale aura-t-elle lieu ? présente une analyse sur la mer de Chine. Endroit stratégique par excellence, l’espace maritime en Asie a donné lieu à plusieurs sujets au baccalauréat.

De nombreuses ressources.

Comment expliquer que ce territoire maritime parsemé de quelques îlots rocheux et de surfaces de sable soit devenu un endroit stratégique convoité par la Chine mais aussi d’autres puissances tant régionales que mondiales ?

Les îles sont donc stratégiques car elles permettent d’accéder légalement à des richesses variées :

  • La pêche. Nourrir la population chinoise est un véritable défi pour les autorités qui ont mis en place plusieurs politiques (modernisation, landgrabbing…) pour nourrir la Chine.
  • Minerais et terres rares. La Chine est le premier producteur de terres rares, mais la concurrence est forte avec le Japon qui vient de trouver des ressources très intéressantes au fond de l’océan.
  • Des hydrocarbures. Les réserves en hydrocarbures y sont estimées entre 1,5 (3 ans de consommation de pétrole pour la Chine) et 50 milliards de barils ! c’est un atout pour la Chine qui a besoin de pétrole et dont la majeure partie est importée, passent pour 70% d’entre elle par cette région.

Le développement de puissances militaires. 

La Chine finance le développement d’une flotte de combat à base de plusieurs porte-avions dont deux sont déjà en service.

La Chine envisage de construire des îles flottantes destinées à patrouiller en mer de Chine méridionale. Ces îles de 400.000 tonnes se déplaceraient à environ 9 miles marins par heures. Elles permettraient d’assurer une présence chinoise dans ces eaux qu’elle revendique. La question qui se pose est celle du droit. S’il s’agit de structures artificielles au sens de l’article 60 de la convention des nations unies sur le droit de la mer, il pourra alors être établi une zone de sécurité de 500 mètres autour de ces îles. Si elles sont considérées comme des navires, elles jouiront alors d’un droit de passage dans les mers territoriales et dans la bande des 12 miles marins. Si elles appartiennent aux forces armées, elles pourraient alors bénéficier d’une immunité en mer.

Le but est de protéger l’accès au littoral chinois, mais aussi de projeter une force armée en direction des océans Pacifique et Indien afin de protéger les routes maritimes essentielles au commerce chinois. Les nouvelles routes de la soie que la Chine met en œuvre depuis 2013 sont à protéger dans leur partie maritime.

Des affrontements pour le contrôle de ces territoires.

Les 13 et 14 mai 2014. La Chine décide de déployer la plateforme off-shore China National Offshore Oil Company (CNOOC) 981 dans la mer de Chine méridionale dans les iles Paracel afin d’effectuer des tests de forages pétroliers. Les pays riverains contestent cette situation et revendiquent également la souveraineté de ces espaces maritimes. Le Vietnam considère ces îles comme étant les siennes, ce qui entraîne de violentes manifestations, des coupures d’électricités pour les entreprises chinoises, le saccage de certaines d’entre elles, le fait que les touristes chinois ne sont pas servis dans les hôtels… le bilan est lourd : 3000 ressortissants chinois évacués, 4 morts… Mais surtout, se sont plus de 200 usines qui ont été touchées dont 190 identifiées à tort car taïwanaises !

Pour renforcer sa main mise sur l’espace maritime, la Chine bétonne depuis plusieurs mois de petits îlots qu’elle aménage en base pour y placer des soldats afin d’assurer la surveillance de ce territoire. Ces aménagements en dur permettent également de repousser la ZEE chinoise de plus en plus vers le sud. L’archipel des Spratley devient donc un enjeu de même que des petits territoires. Ainsi le récif Fiery Cross a-t-il été renforcé avec des ajouts de sable marin puis bétonné, afin d’y aménager une base militaire.

Les Senkaku-Diaoyutai sont un archipel disputé par la Chine, le Japon et Taïwan. Situé en mer de Chine orientale à 200 km au nord-est de Taïwan et 400 km à l’Ouest d’Okinawa, l’archipel est composé de 5 îlots de 6,3 km². Le nom Senkaku est japonais qui signifie tour pointue, reflet de la topographie rocailleuse des îlots. L’appellation Diaoyu vient du chinois : pêcher à la ligne. Ce territoire disputé est le résultat du traité de Shimonoseki (1895) puis de la conférence du Caire (1943), de Potsdam (1945) et du traité de San Francisco (1951) qui n’ont jamais clairement établi la situation.

Au-delà de ces revendications pour quelques rochers liés à des ressources stratégiques pour les deux pays, les tensions entre la Chine et le Japon sont le reflet d’enjeux multiples :

  • Expression des nationalismes japonais et chinois qui font référence à des actions de la seconde guerre mondiale, c’est la bataille des mémoires.
  • Ce sont aussi deux visions du droit. La Chine met en avant le droit historique alors que le Japon met en avant le droit international qui conforte sa possession des iles. Pose la question des frontières maritimes et donc du territoire. C’est un espace qui peut être habité, mais qui ne relève pas d’un État. Selon ce principe, les terres ne sont possédées par personne. C’est un mode juridique reconnu d’acquisition de la souveraineté sur un territoire par un État, que la Cour internationale de justice a au 21ème siècle compétence pour valider. Sa définition évolua avec le temps.
  • L’approche est aussi stratégique, militaire avec la blue line chinoise qui marque la limite de l’intervention de la marine de guerre chinoise et économique car c’est aussi la route des pétroliers et autres navires commerçants.

Les territoires maritimes sont source de richesses et donc d’enjeux entre les puissances. S’approprier, contrôler, maîtriser ces territoires permet d’accéder à des ressources importantes mais aussi de renforcer son influence et sa puissance. De manière plus générale, les tensions liées aux espace maritimes sont le reflet de l’affirmation de puissances, miroir, des ambitions de chacune d’elles.

Les cours de terminale en rapport avec ce chapitre.

La mer de Chine au bac !

Ce territoire de la mer de Chine et des espaces maritimes en Asie a déjà donné lieu à divers exercices au baccalauréat :

  • 2 Compositions :
    • La géostratégie des espaces maritimes
    • Japon et Chine, concurrences régionales et ambitions mondiales
  • Le croquis sur la géostratégie des espaces maritimes pour lequel la mer de Chine méridionale est un lieu important et emblématique.
  • 4 études de doc(s) ont été données en rapport avec les espaces maritimes dans cette région d’Asie de l’Est :
    • Les espaces maritimes d’Asie orientale.
    • Importance des espaces maritimes dans la mondialisation et rivalités géostratégiques qui en découlent.
    • Puissance et discorde vis-à-vis des îlots de l’archipel Senkaku.
    • Concurrences régionales et des ambitions mondiales de la Chine et du Japon.

Conclusion

Les batailles en mer de Chine sont un des aspects des tensions aux frontières de la Chine avec ses pays voisins où la puissance chinoise étend et affirme ses intérêts.

Les batailles en mer de Chine sont donc politiques, diplomatiques, juridiques. Elles ne sont encore militaires, bien que des affrontements aient opposé les marines chinoise et vietnamienne. Cependant, la guerre est déjà dans les esprits et les Chinois sont prêts à se battre pour récupérer ces îles. En 2013, l’armée a sorti un jeu vidéo dans lequel le joueur a la possibilité de reprendre par la force des îles.